Têtes de gondoles
Textes de Christian Ruby (philosophe), Dominique Raimbourg (député), Samuel Levron (gérant d’un Intermarché), Mathias Cadot (président des Francas de Loire-Atlantique)
64 pages, format 12 x 16 cm
32 photos couleurs, livre dos carré, relié, cartonné
Graphisme : Mathieu Tremblin et David Moreau
Éditions Dilecta
2011
Épuisé
"L’anniversaire de la charte des Droits de l’enfant, une commande des Francas et un glissement de terrain plus tard, nos échanges orientent mon propos vers la création d’une œuvre questionnant l’arrivée des jeunes de vingt ans sur la scène de la consommation.
Comment se positionnent-ils face à la pression médiatique des appels à la consommation ? Ont-ils les moyens d’une distance critique ? Leur est-il possible de mettre en phase leurs idéaux, leur porte-monnaie et leurs désirs ? Le terrain commun sur lequel se recoupent ces questionnements est celui de « la grande distribution ». Elle contient toutes les possibilités et tensions liées au désir d’achat.
Je propose un protocole permettant à chacun de choisir un rayon puis un produit, qui fasse écho à une problématique liée à un droit. Dans un laps de temps très court, je réagis à leur choix et nous travaillons rapidement les situations en créant un jeu entre eux et les produits. Comme un collage d’idées ; les poses, les produits et les attitudes finissent par recomposer un récit recoupant des histoires personnelles, affectives ou politiques, une relation à l’acte d’achat ou un positionnement au regard d’un droit.
Les images sont ensuite proposées à la discussion entre les jeunes photographiés et des acteurs de ces trois champs : commerce, politique, éducation populaire. Des rencontres au cours desquelles nous échangeons sur les enjeux du projet et les lectures possibles de ces photos. Les propos des uns et des autres forment la matière de textes ou de phrases exprimant leurs points de vue, et confiés à l’analyse du philosophe qui en élargit le champ de lecture.L’objet artistique dessine un jeu entre des représentations et des mises en critique de quelques standards à partir des projections des jeunes sur l’univers de la consommation. Cette relation au droit se pose en creux, dans des problématiques liées à l’accès aux produits, à l’information, à l’éducation au choix et à la distance critique. L’œuvre se livre comme un territoire ludique de questionnements et sa lecture invite à combiner les points de vue afin de contourner quelques certitudes."
Arnaud Théval
La constatation désenchantée
"Justement, les photographies pensantes d’Arnaud Theval introduisent une distorsion dans ce rapport à la consommation. Elles ne se contentent pas d’un constat tournant autour de ce que nous infligent jusque dans nos innervations profondes les choses qui nous entourent ; ce ne sont pas des instantanés de la consommation qui risqueraient de justifier les choses telles qu’elles sont. Elles exercent notre imagination à l’encontre de la fatalité.
Ces photos exposent, en effet, la présence massive de l’objectivité presque toujours obscène de la distribution et de la consommation, au milieu de laquelle la figure du sujet individuel, un peu perdue, est censée se réaliser en fonction de ses choix. Face à elles, on ne peut qu’être frappé, au premier abord, par la violence brute et la puissance écrasante de ce qui est là, et pas seulement comme décor avec lequel il serait impossible de prendre des distances."
Christian Ruby, Philosophe