Rubis

Rubis, je peux là contre (2009), HBM bâtiment "Le relais", Le Foyer Ixellois, Ixelles. Bruxelles. © David Marlé.
Rubis, je peux là contre (2009), HBM bâtiment "Le relais", Le Foyer Ixellois, Ixelles. Bruxelles. © David Marlé.

Rubis, je peux là contre
Triptyque sérigraphié sur tôle émaillée 258 x 1480 cm, faux plafond rose en tôle peinte, peinture grise sur les piliers et les jardinières, éclairages leds. Flip book à 1 000 exemplaires. Le relais, logements sociaux à Ixelles commune de Bruxelles.
Commande publique de la Région Bruxelles-capitale, Beliris, SLRB, Ville d'Ixelles et le Foyer Ixellois.
2002 - 2009
 

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Theval Rubis Bruxelles
Rubis, je peux là contre (2009), HBM bâtiment "Le relais", Le Foyer Ixellois, Ixelles. Bruxelles. © David Marlé.
Theval Rubis Bruxelles
Rubis, je peux là contre (2009) détail.
Rubis, je peux là contre (2002), document Bruxelles.
Rubis, je peux là contre (2002), document. © Jean-Marc Bodson, Bruxelles.

In fine, on pourrait dire que l’un des objectifs d’Arnaud Théval est de parvenir à l'élaboration et à la mise en place d’un imaginaire collectif. Celui-ci serait en quelque sorte la synthèse de toutes ses rencontres, de tous ses dialogues, de tous ses portraits réalisés avec les habitants. Ce qu’il appelle ses scénettes - ces innombrables heures de vidéo - qui lui furent nécessaires pour rendre au mieux compte de l’ambiance de ce lieu, de ses tensions, de son humanité aussi. Car c’est bien d’ambiance, de cadre de vie et de fonction participative qu’il convient de parler, plutôt que d’architecture, d’urbanisme et de logement social. Toutes ces rencontres lui ont permis d’aller au-delà de la distance administrative et sociale pour se concentrer sur les habitants et les autres utilisateurs des lieux.

Theval Rubis Bruxelles
Rubis, je peux là contre (2009), Bruxelles. Détail. © Cia Jansen.

Il n’est donc pas étonnant que ce soit ce passage qui ait le plus focalisé son attention. D’un point de vue architectural, le passage soutient l’immeuble avec l’élégance de ses piliers typiques des années cinquante. D’un point de vue urbanistique, il établit la jonction entre les deux rues qui délimitent ses façades latérales et ouvre sur le carrefour. Vu de jour, son gabarit surprend quelque peu par rapport au bâti environnant, mais sa disposition face au carrefour bien dégagé atténue cette impression. Bien entendu, la nuit il s’efface, ce qui pouvait créer un sentiment d’angoisse ou d’inquiétude précisément au niveau du passage couvert. Depuis qu’il est éclairé dans le contexte de l’intervention artistique de Théval, il s’est complètement transformé et fait office de phare dans le quartier. On n’attendait pas un tel effet diffus de luminosité à cet endroit. 

Du coup, ce no man’s land qui souffrait d’un déni d’identité retrouve sa dimension revalorisée de passage. Il se découvre une nouvelle fonction urbaine, un nouveau rôle social, élargit le bâtiment à l’espace public, fonctionne comme un repère rassurant la nuit. Il devient dès lors le pivot de cet espace auparavant sans qualité qu’il fait maintenant apprécier différemment.

Theval Rubis Bruxelles
Rubis, je peux là contre (2009) Bruxelles. Détail.

La distanciation par Bernard Marcelis, critique d'art et commissaire d'exposition.
Comment dès lors gérer cette masse d’informations et d’impressions accumulées au fil du temps, ces six ans qui auront été nécessaires à l’élaboration définitive du projet sous la forme telle que nous l’apercevons maintenant. Photographie réelle ou image extraite d’un film ou d’une série télé, on ne sait trop. Poser la question c’est déjà entrer dans cette dimension imaginaire. Il est évident que cette image n’est pas celle d’un documentaire ou d’un reportage. Pour réaliser les trois photos, tout a été soigneusement mis en scène. Ce sont des modèles, des acteurs qui ont adhéré au projet, qui se sont investis dans celui-ci, qui ont joué le jeu à fond. Le fait de prendre les images ailleurs opère une mise à distance par rapport aux habitants qui, paradoxalement, n’auront aucun mal à s’y retrouver. Cette transposition réussie d’un univers à l’autre permet ainsi, par effet de ricochet, aux habitants de s’identifier à cet univers d’une nuit improbable, d’un de ces moments où les silhouettes perdent leur précision sans pour autant s’estomper. Ces silhouettes qui semblent sorties de nulle part habitent néanmoins parfaitement un espace qui ne l’était pas auparavant. Le choix et le rôle de la couleur sont primordiaux, parce qu’il débordent largement du cadre de l’image - au point que celle-ci ne fait quasi pas débat - pour prendre possession de l’espace urbain. Arnaud Théval parle à juste titre « d’une lecture flottante des images ». Elles apparaissent d’autant plus comme un ovni qu’elles baignent dans un halo de lumière artificielle, au sens coloré du mot, surmontées qu’elles sont par un faux plafond en tôle émaillée peint en rose. Ici aussi on joue sur l’ illusion de la matière et du support, support peu utilisé habituellement pour recevoir des images, notamment dans l’espace extérieur, ou du moins ouvert sur la ville.

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Theval Rubis Bruxelles
Rubis, je peux là contre (2009) Bruxelles. Détail.
Rubis, je peux là contre (2002), document Bruxelles.
Rubis, je peux là contre (2002), document de travail, Bruxelles.