La prison s'est échappée

La prison s'est échappée (2023) éditions Dilecta, Paris.
La prison s'est échappée (2023) éditions Dilecta, Paris.

La prison s'est échappée
Correspondance
Avec des textes d’Arnaud Théval et de Caroline Caccavale
Photographies : Arnaud Théval et Joseph Césarini
128 pages
16,5 × 23 cm
Livre à dos carré, collé et cousu
Graphisme :  Claire Moreux
Éditions Dilecta, Paris
2023

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Notre mémoire de la prison se fait plus saillante quand les épreuves du confinement puis du déconfinement révèlent, dehors, un ensemble de signaux faisant écho à ceux émis en prison. De l’enfermement carcéral au confinement provoqué par la pandémie, notre histoire singulière rejoint celle d’une société éprouvant à son tour les conditions d’une limitation de ses libertés de mouvement. Enfermements dedans et dehors se juxtaposent aux contours de notre société en proie à la peur, débordée et inquiète de voir la maîtrise lui échapper. À moins que tout cela ne relève d’une simple illusion que nous fabriquons à force de trop fréquenter la prison. - A. T.

La prison s'est échappée (2023) éditions Dilecta, Paris.
La prison s'est échappée (2023) éditions Dilecta, Paris.


Arnaud Théval et Caroline Caccavale conçoivent un projet d’intervention dans l’ancienne prison des Baumettes à Marseille lorsque le confinement l’interrompt. S’ensuit une correspondance, pendant plusieurs mois, chronique d’un projet mené au gré des confinements et déconfinements, transformant la soudaine rupture de lien s’imposant à eux en quête de sens partagé. Leur correspondance est accompagnée d’illustrations réunissant leur performance inachevée en prison et des images réalisées lors des deux confinements. 

La prison s'est échappée (2023) éditions Dilecta, Paris
La prison s'est échappée (2023) éditions Dilecta, Paris.

Le petit monde qui nous entoure 
(extrait p28 - p29)
Mercredi 1er avril 2020 

Caroline Caccavale — Comment revient-on en prison après ce confinement ? Quelle responsabilité avons-nous à l’endroit de ces personnes-là ? La fin de la sidération nous impose d’agir. Humaine, poétique et politique, voilà notre responsabilité, non ?  

Arnaud Théval — Absolument  ! Il va falloir lutter contre l’effondrement (le nôtre ?). Il nous faut travailler un geste artistique qui inverse cette mise à distance forcée pour se rapprocher de notre lieu de parole (la cour de promenade). Peut-être que celle-ci est devenue le petit monde qui nous entoure, celui qui s’est resserré géographiquement autour de nous. Drôle de renversement  ! Nous sommes mutuellement empêchés. Que signifie cette distanciation supplémentaire, que peut-elle produire ? Comment le film que nous écrivons peut-il se saisir de cet épisode de confinement ?   

Caroline Caccavale — Se parler en image et en textes –  avec nos téléphones portables, nous nous engageons dans cette nouvelle situation ouvrant (paradoxalement) de nouvelles perspectives. Oui, mais pour voir quoi ? L’effondrement depuis mes parcours urbains ? Peut-être… Acte 1, reprenons quelques-uns des mots dont nous voulions parler dans la cour et lançons-nous. Tiens : le dessèchement. On observe la prison au présent, on ramène du passé dans le présent, qu’est-ce que cette collision avec le ici et le maintenant vient éclairer ? J’écris au présent et un souvenir carcéral émerge tandis que je ne l’avais jamais perçu. Je passe par des ressentis, comme sentir cette marguerite qui pourtant ne sent rien.

Arnaud Théval — Depuis l’expérience du confinement nous fabriquons, avec l’absence de la prison, une lecture transportant son expérience dehors, ses signes, son dispositif à nu, appropriable par tous et au présent. Exercice de maïeutique et catharsis pour nous.   

Arnaud Théval 
Nous passons d’un enfermement à un autre. La « promenade » est notre lieu  : dans la cour, dehors-dedans. Le confinement a rejoué  ce que nous avons trouvé au milieu de cette cour, c’est-à-dire toi dedans et moi dehors. Enfermé ou confiné, c’est la même histoire qui se rejoue. Le processus de création est un récit ; en même temps qu’on cherche, nous fabriquons, nous montons. La promenade enfermée dedans-dehors ! L’expérience du confinement comme une expérience totale de la prison.
Voilà, nous y sommes. Nous nous envoyons des mots pour écrire nos états. Ils résonnent avec nos expériences de la prison comme avec  ce confinement interminable qui voit l’enfermement s’étendre à toute la cité. Étrange coïncidence.

 

THEVAL CACCAVALE LA PRISON S'EST ÉCHAPPÉE
THEVAL CACCAVALE LA PRISON S'EST ÉCHAPPÉE
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THEVAL CACCAVALE LA PRISON S'EST ÉCHAPPÉE
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