Les bons moments en prison
Action recherche en cours avec Delphine Saurier, enseignante-chercheure
Avec le soutien de la DISP, de la DRAC Nouvelle-Aquitaine et d'Audencia.
(2021)
L'artiste Arnaud Théval et la chercheuse Delphine Saurier ont échangé avec des agents de la pénitentiaire sur leur quotidien de vie et de travail afin de savoir s'ils existent des bons moments en prison. Entre septembre 2020 et avril 2021 ils ont écouté les personnels puis réalisé une mise en scène issue des échanges dans une des cours de promenade, occasionnat des échanges avec les personnes détenues.
La prison est abondement racontée. Elle est surtout fictionnée par les artistes, par les chercheurs, par ceux qui y travaillent et ceux qui y séjournent. Et puis il y a les concrétudes de ce que l’on y vit. C’est ce passage entre la réalité et la fiction que nous souhaitons interroger en tentant de comprendre comment sont rendus invisibles les bons moments passés en prison. Car ils existent et pourtant leurs traces sont imperceptibles et leur mémoire est effacée pour laisser place à ce que l’on peut qualifier de paradigme du punitif.
Une œuvre photographique accompagnée d'un texte sont installées à l'entrée de la prison. L'ensemble est une évocation de la fragilité des bons moments en prison.
La prison est un espace autre, un espace empli de fantasmes, de certitudes et de violence par les gens de la société civile. Films, romans, photographies, peintures, documentaires, jeux vidéo offrent une image carcérale faite de violences et la livrent à nos expériences. Pourtant, pénétrer l’hétérotopie nous fait vaciller : la prison est aussi faite de personnes et d’instants d’un quotidien sans entrave, voire de bons moments. Artiste et chercheuse, nous avons entendu ces bruissements et avons choisi de les écouter poindre dans la mélodie bien orchestrée de notre fantasmagorie partagée de la violence. Ce projet artistico-scientifique se fera-t-il l’écho de ces bons moments tenus mais entêtés ?
« De bons moments, ici ? Entre nous et les détenus ? Non, ça n'existe pas. » disent les surveillants. Leurs phrases dressées comme des remparts, bâties avec des mots prudents et policés évitent ce qui ne se dit pas. Pourtant, d'histoires en anecdotes racontées à l'angle d'une coursive, entre deux épaisseurs de travail, ils les remarquent prendre vie à la surface de leur mémoire. Des bons moments...si fragiles, si volatiles qu'à peine vécus, voilà qu'ils retombent au sol qu'ils éclatent, piqués par la rudesse du dispositif carcéral. Sauf quelques-uns qui, discrètement, restent là en suspens. Entre deux postures, entre deux portes, quelque chose résiste à la négation.
« De bons moments, ici ? Entre nous et les détenus ? Non, ça n'existe pas » disent les surveillants. Leurs phrases dressées comme des remparts, bâties avec des mots prudents et policés, évitent ce qui ne se dit pas. Pourtant, d'histoires en anecdotes racontées à l'angle d'une coursive, entre deux épaisseurs de travail, ils remarquent les bons moments prendre vie à la surface de leur mémoire.
Des bons moments si fragiles et volatiles qu'à peine vécus, voilà qu'ils retombent au sol et qu'ils éclatent, piqués par la rudesse du dispositif carcéral. Quelques-uns néanmoins, restent là, discrètement, en suspens. Entre deux postures, entre deux portes, quelque chose résiste à la négation.
La prison est un espace autre, emplie de fantasmes, de certitudes et de violence par les gens de la société civile. Films, romans, photographies, peintures, documentaires, jeux vidéo offrent une image carcérale et la livrent à nos expériences. Pourtant, pénétrer l’hétérotopie nous fait vaciller : la prison est aussi faite de personnes et d’instants d’un quotidien sans entrave, de bons moments. Artiste et chercheure, nous avons entendu ces bruissements et avons choisi de les écouter poindre dans la mélodie bien orchestrée de notre fantasmagorie partagée de la violence. Ce projet artistico-scientifique se fera-t-il l’écho de ces bons moments tenus mais entêtés ?
Delphine Saurier